Episode 301 : Peur sur le campus

« Je savais que tu viendrais voir comment j'allais. Tu dois avoir peur, et j'en suis désolé. Je n'ai jamais voulu te faire souffrir. Je n'ai jamais envisagé d'écrire cette lettre non plus. J'ai cherché une explication satisfaisante à mon acte. Je n'ai pu trouver que celle-ci. Un profiler a besoin d'avoir des bases solides. Je crois que ce n'est plus mon cas. Le monde me trouble. La cruauté, l'indifférence, la tragédie. Le meurtre de mon amie Sarah a laissé un vide en moi. Je crois sincèrement que j'ai pallié à la douleur en me remettant au travail le plus vite possible, en aidant à nouveau les autres jusqu'à ce que je réussisse à gérer ça. Travailler pour oublier. Tu te souviens de notre première affaire après ça ? C'était sur un campus.
J'ai rencontré Sarah sur un campus comme celui-ci, il y a 31 ans. Les campus sont censés respirer la vie et l'excitation. On est censé y penser au futur, découvrir quelle personne on est, quelle personne on sera. On est censé y rêver, pas y cauchemarder. On est censé espérer. Apparemment, je ne comprends plus ce monde.
Toute scène de crime est tragique, mais lorsque la victime est jeune, qu'on l'arrache à une vie à peine commencée, c'est bouleversant.
J'avais peur de ne plus savoir faire confiance à cause de ce travail, mais j'ai réalisé que je ne peux plus regarder les gens sans les voir morts. Perdre sa foi en l'humanité peut paraître terrible, mais ne plus croire aux fins heureuses est encore pire.
Combien de victimes avons-nous vues défiler ? Combien de scènes de crimes ? Des centaines ? Des millers ? Des photos, des familles, des victimes, mortes et vivantes. J'ai toujours réussi à rester objectif, à garder mes distances. Maintenant, je vois Sarah dans chacune d'entre elles.
Le changement était si perceptible qu'il semblait palpable. Les enfants... Ils sont si forts. Je me souviens de cette confiance absolue, mais je n'y arrive plus. C'est comme une vieille photo.
On se souvient des émotions, des sentiments du moment, mais on ne les ressent plus.
Elles nous faisaient confiance. Me faisaient confiance. Comme Sarah m'avait fait confiance. Et comme pour Sarah, j'ai l'impression de les avoir envoyées à l'abattoir.
Est-ce que j'étais vraiment présent ? Combien de fois t'ai-je dit qu'un profiler se doit d'être concentré ? S'il se passe quoi que ce soit dans notre vie, notre jugement en est altéré. Je n'ai jamais été aussi déconcentré que sur ce campus.
Ai-je commis une erreur en le laissant sortir ? Mon jugement était-il altéré par une envie de venger la mort de Sarah ?
Deux morts de plus. Était-ce le prix à payer ? La mort était-elle la seule alternative ? Le monde était-il toujours si gris ? Le noir et blanc était-il réservé aux films ? Est-ce juste une illusion ? Je le savais, avant. Je savais où j'étais et où j'allais.
Le profiling demande de croire. Croire en le profil, croire en soi. Après Sarah, je ne croyais plus en moi à la maison, mais après Tubbs, j'avais aussi perdu confiance en moi sur le terrain. Et sans ça, je n'ai rien.
Ca a été la goutte d'eau qui fait déborder le vase. La mort de cette fille. Hotch suspendu par ma faute. J'ai dit au début de cette lettre que je savais que tu viendrais. Je suis désolé de ne pas avoir de meilleure explication à te fournir. Et je suis désolé que ce ne soit pas plus clair. Mais comme je te l'ai dit, je n'y comprends plus rien.

I'm sorry. »

J'ai mis en gras les indices qui font penser que cette lettre est pour Reid!

Et pour la phrase avec Hotch, que j'ai aussi mise en gras, c'était juste pour mettre en évidence que ça ne pouvait pas être lui!